Un levier du transfert de compétence au sein de l’entreprise.
Le gouvernement a confirmé récemment la prolongation de l’aide exceptionnelle à l’embauche d’un apprenti. L’aide est conséquente : jusqu’à 8000 EUR pour un apprenti de 18 ans, ce qui laisse un reste à charge pour l’employeur de l’ordre de 600 EUR/ mois. Cependant, même si ce dispositif est très généreux et qu’il faut absolument l’utiliser pour « booster » l’apprentissage chez nos jeunes, cela n’apporte qu’une partie des solutions pour notre immense problème de formation. En effet, les apprentis d’aujourd’hui seront nos compagnons expérimentés dans 5 ou 10 ans au mieux et d’ici là, bon nombre d’entre eux auront choisi une autre voie. D’autre part, les candidats à l’apprentissage restent rares dans certains domaines, il reste beaucoup à faire sur l’attractivité de nos métiers. Enfin, la pérennité d’une telle aide n’est pas garantie, le coût pour les finances publiques étant certainement prohibitif à terme.
Il existe un autre levier dont on parle peu et pour lequel les dispositifs sont moins évidents, il s’agit de la montée en compétence de nos collaborateurs, ceux qui sont déjà en poste chez nous. Beaucoup ont obtenu un CAP il y a 20 années et ont acquis depuis une sérieuse expérience de terrain. Mais ceux-là sont parfois passés à côté des nouvelles réglementations, des produits et techniques innovantes tirés par le numérique, sans parler des nouveaux comportements de nos Clients qui demandent des approches commerciales différentes. Il n’existe pas ou très peu de formation conventionnelle de remise à niveau, d’ailleurs il ne serait pas envisageable de demander à la plupart de nos compagnons de suivre une formation en salle pendant 8h.
Voyons quelles sont les différentes solutions permettant de faire ce travail de montée en compétence de nos équipes.
C’est avant tout le levier du transfert de compétence au sein de l’entreprise, par exemple entre anciens et plus jeunes mais pas uniquement. On se heurte ici à la difficulté que tout le monde n’est pas formateur et que c’est une compétence en soi de pouvoir formaliser un savoir-faire et le transmettre à autrui. Des techniques existent, mieux vaut se faire accompagner. Cela prend du temps, le dispositif de la FEST – Formation en Situation de Travail – est bien adapté pour ces actions mais l’aide financière reste limitée par rapport aux coûts induits et surtout il est difficile de dégager du temps pour nos compagnons expérimentés alors que nous n’avons déjà pas assez de temps pour réaliser nos commandes en cours.Une autre solution complémentaire consiste à se faire aider de nos fournisseurs ; les plus structurés ont souvent une offre de formation à leur catalogue avec des modules à la carte d’une journée, et tous en général, petits et grands, sont volontaires pour des actions de formation organisées directement dans nos entreprises voire sur chantier. Je pense que l’on n’utilise pas assez cette ressource de formation : des actions courtes, efficaces, gagnant-gagnants. Cela fait partie de la valeur ajoutée de nos fournisseurs.
Un autre point est la mise à disposition pour nos collaborateurs de l’énorme volume de documentation que nous avons à portée de main. La plupart du temps gratuit en format numérique et facilement accessible, il s’agit de carnet de chantiers, d’ouvrages de vulgarisation des normes, de revues professionnelles éditées par les Fédérations, mais aussi de formation en ligne, webinaires… Tous ces éléments doivent permettre de constituer un environnement favorable au développement des compétences.
Ce triptyque – transfert interne de compétences + actions de formation ciblées par nos fournisseurs + mise à disposition des outils de développement des connaissances – est le socle de la construction d’un plan de montée en compétence des collaborateurs. Cela se fait par petites touches, discrètement, mais continuellement et c’est surtout indispensable pour faire face à un environnement de plus en plus technique, numérique et compétitif.On peut pousser encore plus loin et imaginer des outils plus performants : par exemple un échange systématique des bonnes pratiques entre entreprises (que celui qui a investi du temps sur la maitrise du BIM puisse en faire partager les autres) voire des échanges de compagnons entre entreprises d’un même secteur pour partager et diffuser les connaissances.
Cela nécessite de ne pas considérer l’autre comme un concurrent, mais comme un confrère ou partenaire. Nous avons tous à y gagner.
Cet environnement, cet état d’esprit est ce que l’on retrouve dans beaucoup de club d’entreprises ou d’organisations professionnelles. C’est pour ma part ce que je retrouve au sein de la FFB, Fédération Française du Bâtiment.
Bonne montée en compétence à tous !